samedi

Il a marché le long des quais.Le train est passé .Le train est en retard.Le train n'arrivera pas.Le train de marchandises illicites passera de nuit.Le train bloqué sur la voie 417 sera conduit immédiatement au pilon.Le train de voyageurs plus maigres que les arbres en automne dépouillés de leurs attributs ne passera plus par ici.Dans sa tête des accents graves.Les accents graves d'une idée qu'on chasse de toutes ses forces à coups de plumets et de balai de paille.Tu me disais marabout et cela s'enchaînait.Tout ce qu'on a du mal à suivre et qui pendouille des nuages qui stagnent au dessus de nous dans des ciels qui se hasardent à essayer d'être encore ce que l'on imagine qu'ils auraient pu être.Vol d'oiseaux à gauche.La journée démarre sur ses chapeaux de trous .Et ce train qui arrive dans une autre hémisphère.Droite gauche.Au guichet on distribue des mouchoirs à grands carreaux, comme ceux des copies simples ou doubles pour les classeurs avec leur encre violette et leur marge en fin liseré rouge.Un pigeon chie dedans tombé d'un cumulus.Il le noue.La bête s'agite puis s'endort dans son berceau 100 pour cent coton.Il la fourre dans sa poche.Au chaud bien au fond.Là où il peut se toucher suffisamment encore pour avoir la sensation d'exister.Là où elle l'a laissé.Wagon-lit.

mardi


Les fumées du sous-sol barrent la sortie.Il faut pourtant la trouver.Il est tard.J'ai les pieds recroquevillés de douleur et de fatigue ,dans des escarpins de cuir humide de l'atmosphère de champignonnière où l'on vient de passer la nuit.Jamais je n'aurais trouvé un tel endroit si' l'on ne m'y avait emmenée de force.La vie de femme facile ne l'est jamais.Pour les complexités je finis de les oublier dans les coupes que l'on m'offre à la chaîne,telle une parfaite stakhanoviste de la bulle.Il me pousse dans le dos.T'appesantis pas poupette. C'est pas non plus la mine ici.Trouve-nous donc la sublime porte.On remarque le style.Tout est dans le style.La façon de se graver dans le moule de la phrase comme les couilles dans le caleçon.Il joue bien au poker aussi.Et c'est là où ça se gâte pour moi. Puisqu'il m'a gagnée.Je suis sa chose. Jusqu'à la prochaine partie. As de carreau et valet de trèfle à brouter.Mes fourrures tombent sur le gazon .On va bien s'amuser avec les cartes.N'oublie pas de lire les légendes.L'impératif m'excède mais il n'en a cure.Je trouve la porte et l'ouvre en tournant la page.Serrure ,clé,bagatelle de rues,ciels gris bitume,la panoplie est complète.On se dirige vers Bastille où l'ange est au comptoir.Je vous sers quelque chose Messieurs Dames?

samedi

Autant dire que la nuit s'était accidentée dans le labyrinthe des rêves à son appétit.Assis au bord du lit lui compte ses clopes.Leur mégot dans le cendrier qui renvoie dans la chambre d'amour qu'il vient de traverser les relents morts du tabac froid.Ce n'est pas le porno qu'il vient de se mâter sur le câble qui va dompter le bourdon noir qui rôde autour de ses épaules.Si cela ne tenait qu'à lui.Seulement justement cela ne tient qu'à lui.Surtout l'effondrement des pierres de la falaise.C'est bien gentil qu'il pense de cueillir les herbes de la nuit ,c'est bien gentil mais cela ne donne pas à manger aux vaches sacrées.Dire que cette poupée n'a pas réussi à fermer l'oeil. Ce n'est pourtant pas bien difficile à son âge primesautier.Quelle camelote.Je vais la renvoyer au marchand.Et puis celle qui parle avec leur boite à piles derrière non merci plus jamais merci bien cela me coupe mes envies.Déjà que ma femme n'arrête alors un peu de silence et juste le bruit de la chair de celluloïd transcendée cela me suffira bien vous comprenez suis pas difficile mais juste manioc.L'Afrique m'est montée au front avec ses moustiques gros comme des oeufs de pigeons .J'ai la bosse.La bosse du silence maintenant qui plisse quelques rides traversières.Calotte glaciaire.Dans la boîte en bois je la remets avec son linceul de dentelles ,sauf qu'elle n'est pas morte juste éteinte avec ses piles que je lui ai fourrées dans la bouche.Elle aime ça.Elle ne peut pas me le dire mais elle aime ça .Je le sais.Les hommes nous on sait ça.On sait ça ce qu'elles aiment se les fourrer dans la bouche les piles et se taire.

                           J'ai arraché un de ses yeux que je roule dans ma bouche.
                           Plaisir partagé.

Planning familial

La petite sectionne les derniers fils de laine qui la rattachent à sa poupée.Sa poupée noire et carrée, dont les cheveux tombent en moutons synthétiques sur le plaid du lit, où elle regarde les choses se défaire.Sa poupée aux yeux bridés que son oncle, guide pour touristes, lui a ramené de Fukushima.Elle fait collecte au mur.Les costumes colorés font le tour du monde, en 80 secondes par minute ,dans sa tête.Ses sandales vernies au pied se balancent doucement,au-dessus du vide entre le plancher et ses semelles, l'une après l'autre,berceuse désenchantée qui ne connaît pas la voie de la tendresse.La lumière de la chambre y projette des reflets de lanterne magique.Que d'histoires drôles à suivre à la pointe de ses pieds entre deux rais du jour.

La petite  surgit entre les barreaux que le temps a dressés autour d'elle.Des barreaux aux matières composites :morve,goudron ,fraise haribo, héros de contes,quartz,bachélite,une repro d'une danseuse de Degas,stratosphère artificielle,Jacquou le craquant,tableaux noirs,ordres occultes à la botte des radis bleu cerise.Un héron dévore le nuage du rideau de la fenêtre,l'orange sale,oui,celui -là même qui traîne depuis l'enfance, aux carreaux qui dépècent le jardin en miettes pour les pigeons gras.L'espagnolette de la fenêtre branle dans les tours de poignets qui l'accomplissent.Et le store vénitien pendouille sur l'horizon avec ses ficelles toujours cassées.


Encore l'enfance.Avec son odeur de petite culotte dépourvue de foutre sous les doigts du fils du fermier voisin, à l'orée de la forêt où les vaches avortent les quotas européens, dans des grands bols à pois, plein à ras bord de Nesquik.Le bleu marine des petits bateaux qui naviguent sur l'eau, pour courir droit au naufrage tapi dans leurs étiquettes, dignes de la cour du Roi Soleil.La connaissance est un kaléidoscope en feu follets, et la petite fille y brûle son oeil, alors qu'elle se bat avec une paire de ciseaux à bouts ronds, dont la colle séchée sur les lames empêche le coupant.Le fil de laine rouge s'effiloche,qualité médiocre .A peine de quoi se piquer le bout des doigts à la quenouille.L'enfance est belle au Bois Dormant.Aux bois qui dorment au fond des lois, qui régissent la couture sur la cicatrice des bouches.Chut.

Ne commence pas.Surtout pas.Ne commence rien à dire pour  dire.Paix en nos miroirs.La parole est le puits où trempent nos blessures dans l'acide des jours qui fuit.

Meuh fait la boite rigolote,renversée.Et la petite rit toute seule dans l'ennui de sa chambre au fond des quoi.Quoi.Quoi.Cela sonne comme un couac et canard est sa polysémie préférée.Coin.Au coin ,moi.


Elle n'a pas encore le bouton sur le nez de l'adolescence.Sa poupée est percée de part en part.Les raccourcis font loi.Force est le droit.Le planning se programme familial.Les faiseuses font des anges des poupées cassées de son ventre.Sa soeur a  un baigneur en mousse.Molle mousse.Malléable à merci qu'elle pique comme le dernier des junks de la rue en chapeau fleuri.Les pages s'effeuillent comme des marguerites sous les doigts sans l'ombre d'une conjonction de coordination:mais ou et donc or ni car dit-il sur ce ton.C'est la fin d'un été qui ressemble à l'hiver.Nos heures sont normales tant qu'elles ne se retournent pas contre le dos du temps.Mais ou et donc or ni car dit le tonton.

"Toute chose n'est pas bonne à dire,dit -on dans ce genre de dicton qui tranche la pensée aux racines des pipis au lit."dit-il sur ce ton.Sur ce ton de tonton.Ton ton.

Robe froissée sur les plis de la chair qui s'ignore du poids des heures forcloses.La poitrine se fronce .L'innocence n'est qu'un mot dans la bouche des coupables.La poupée chuchote encore des mots à son oreille.Poupée de suie poupée de tonton.Des mots comme des boucles de crochets de boucher.Le frigo est vide et la viande ne fait pas chair.La poupée découpe ses grands yeux dans l'espace d'un après midi de septembre.L'école n'est pas finie.

Peut-être est-ce mercredi.Ou jeudi.Ou dimanche.Dit-il dans le qu'en dira ton.

L'oeil tourne sur son globe dans le bocal des toilettes.Les soeurs du couvent sont si pieuses qu'on les croirait mortes, et les fleurs des parterres scellent les tombes des pas des vivants.Une valse déchire l'air à la radio, comme une inconnue l'équation au tableau.

Il y a des livres dans les poches du monsieur qui ouvre son manteau sur son truc.Mise en scène.Drame.Le héros à la pelle.Scène du roman familial qui bave du freudien aux entournures.Je l'interprète au moment même où il tourne le coin de la rue d'un souvenir.Des livres qui débordent de la poche de son grand manteau noir nuit et dont elle n'arrive pas à lire un seul titre.Elle a perdu le sien ,là ,dans cette poche.Elle recouvre de papier bleu carbone 14 tous les livres de la bibliothèque de l'école pour sa peine.Cest long.C'est bon.Toutes ces pages entre les doigts.L'encre qui salive dans la bouche.Le gouffre.

Water.Walter close.Water closet.

Walter Scott.Watt Cosette.Watt.

Ivanhoé.Samuel.Samuel Quéquette.

Oé.Oé.Du bâteau.




jeudi

Moutarde est la mémoire


Ma mémoire est en pot. Mon pot est trou.  Ma mémoire est moutarde .L'étiquette écrite à la main est lisible.Je ne distingue rien.L'étagère est à angle droit sur ses équerres fichées dans le mur.Le mur se déplâtre par endroits.La poudre est sniffée.L'endroit , de moins en moins sûr.La sciure sur le sol fait penser à l'écurie.Tu ne nous referas pas le coup du petit Jésus dans la crèche.D'ailleurs il ne se souvient plus de ce qui se préside à sa naissance.La cuillère tourne dans le pot.La flamme sous l'inox bombé.Le pot luisant sur la table où tu manges.C'est un jour ordinaire entre tous les autres.Pas besoin de le bénir davantage.L'âne geint au fond de la cuisine.Le boeuf pisse son lait directement dans une boîte au frigo

Le progrès rougit entre deux barreaux de la chaise où l'homme se tient la tête dans les mains.Son crâne tombe par moments sur la nappe avec un bruit de marteau.La nappe cirée s'use des coups.Fort assez violemment, pour déranger les deux perruches accrochées dans la cage au bord de la fenêtre, qui tente d'attraper un coin de soleil, entre deux cavalcades nuageuses d'un jour sombre.Une odeur de grillade s'accroche dans l'air comme à des barbelés.

L'atmosphère s'épaissit à trancher un poignard.

Il n'y eut pourtant pas de meurtre si je me souviens bien ou alors de ceux dont on crève à petits feux, en toute vaillance comme pour accomplir son devoir ,l' insensé,la tache à abattre.De cette mort qui fait plus que sa route dans l'interstice entre les jours déclarés, et la nuit occultée à grands coups de terre dans le mur.Faut que ça bouche.Saucisse ou boudin ,maquereau peut-être.L'assiette ne tient plus debout.L'assiette vacille.L'assiette vole à travers l'air.Soucoupe volante en proie à davantage de liberté.Porcelaine éclatée contre les murs.Tension haute entre deux épaisseurs du matelas désert.

La moutarde se contorsionne sur son pot.La voilà dansant la samba sur l'étagère.On est loin de Rio pourtant.La misère ici est grise sous les tapis synthétiques du salon qui ne sert jamais à recevoir personne.Salon d'apparat pour un apparat fantôme.Les fantômes ont le rythme.Celui de toujours se rappeler le goût de la moutarde,privés de viande qu'ils sont.Dépourvus d'os et de moelle.A peine esprit,sauf épouvante des clefs qu'ils nous jettent à la figure quand les chauves souris tiennent des conférences animées au plafond.

Chair évaporée,ciel garanti.

Il y eut un meurtre.Comment souvenir.

mercredi

Montreur d'ours



Ratsenburgen se pose entre les deux ailes du nez une pince à linge en bois blanc,légèrement moisie à l'entrejambe,faute d'avoir été ramassée à temps avant l'hiver, du fil en fer où elle oeuvre une bonne partie de l'année,funambule méconnue,   à sécher les oripeaux flamboyants de la famille dont je ne vous ferais pas l'affront de décliner le détail,bien commun à toute l'humanité,quoiqu'une partie me semble très bien se passer de  ce que l'on nomme un slip,par exemple ou une cravate ,aussi,denrée rare sur les fils à linge d'extérieur.

Ratsenburgen, soudain, se demande avec une acuité accrue par son ignorance ,si vraiment les cravates se lavent au pressing, ou à la main dans l'évier réquisitionné à l'occasion, avec du mir laine spécial couleurs express.Que sa condition socialement socio -professionnelle l'empêche d'accèder au savoir sur de telles pratiques, contribuent, de temps en temps ,à ces légères déprimes qui le font piquer du nez en pleine journée ,sans que personne dans son entourage ne comprenne la raison de ces subites saute d'humeurs.

Ratsenburgen a décidé de se prendre en main ,et de surseoir à cette espèce de cyclothymie journalière ,en prenant les devants énergiquement.C'est ainsi que la pince à linge dérobée dans le jardin de la voisine( lui personnellement possède une machine à laver équipée d'un sèche linge du dernier cri)(ah!!) se retrouve sur son nez(aïe!!), alors qu'il pédale tranquillement,le bas de son pantalon à pinces soigneusement replié par une pince à vélo,pour éviter l'huile dégoûtante des chaînes de l'engin.


Ratsenburgen est un conquérant.Et alors qu'il parcourt à grands coups de pédale le chemin qui sépare exactement de son domicile le lieu de son turbin quotidien,une mouche a la bonne idée de se poser sur son nez et d'entreprendre l'escalade des jambes de bois de la pince anti-dépresseur.Si écrire ,comme dit Marguerite Duras,est suivre le trajet d'une mouche sur le carreau:Ratsenburgen est destinée à une grande carrière de poète.Tout tombe bien ,puisque voilà le printemps.

lundi



La pierre est le chemin que j'oublie de te lancer au visage.Les yeux d'un dieu piétiné, à bout de souffle des nuits, coulent comme de la cire fondue, sur les doigts qui tentent de le saisir.Nous inventerions des histoires .Rondes et pleines, comme les ballons de lune qui flottent dans le regard des noyés.J'ai raté le caillou.Oh! le joli caillou !Je ne sais plus d'où je parle.L'eau à la bouche a goût d'un pétrole lampant vieux .Les machines tournent la tête aux gyrophares.Cou tordu des poètes au bal des croupions.Un lutin se farde avec du jus d'herbe pour séduire un pin parasol effaré par son ombre.Nous écririons n'importe quoi et il serait bien temps de botter le cul à Alice.De lui faire bouffer à elle et au lapin blanc, la terre arable défoncée aux pesticides des terriers d'aujourd'hui.Round up or not.La sauce aux vertiges.Les lettres hésitent sur le bord de la falaise.Des ailes passent dans l'encombrement des nuages et la cohorte des mondes parallèles a des grosses joues à la Dizzie Gillespie.Ce qu'il faut de jazz pour empêcher la pensée de pleuvoir.Les vagues nous retiennent à peine du bord.La pierre est friable.Poudre d'escampette et champignon hallucinogène.

Saperlipopette! crie-t-il?Et sa voix casse des cuisses aux canards.C'est juteux ,dit ainsi ,et Basho apprécie ,assis sur le fil de l'eau.Basho sur l'eau ,la rivière ,la rivière.

Ma mère n'est pas revenue en ses propres fantômes.Elle voit dans la toupie des ondes .Vase la vase.Repose en paix.Ma mère les névroses au sirop de grenadine E111.Freud papy tapi, interprète nos dératés dans les psychés où elle brosse mes cheveux, en les aplatissant avec de l'eau tiède.La brosse qu'elle trempe dans le bol.Obstinément contre les boucles.Obstinément.La boucle ne boucle rien.Juste un rond qui se tourne.Se détourne.Cherche à rencontrer sa propre fin pour voir sa tète dans le miroir,les cheveux bien coiffés.Et les rubans dans les couettes pour faire joli.Et aucune grenouille pour s'insurger du ridicule sur le bord du lavabo.La grenouille fond aussi ,chewing gum à la chrophylle brûlant sur l'émail du lavabo.Quoi ,ce bordel.Palmes académiques sur le revers.Tu seras une .Une quoi ?Elle s'invente un souvenir de toutes pièces pour faire joli dans l'album.Une quoi?

Cela reste à définir et le père brûle des lutins dans le poste télévisé à coups de  décharges électriques.Les serrures font des étincelles et je couche avec un dragon au fond de mon lit,entre deux draps rayés comme les pyjamas des camps de la mort.Un zèbre me mange le cerveau à feu doux.Je jouis.Peut-être.Plein gaz.

La rive s'éloigne.


Un personnage de diction s'échine à  mâcher des monologues sur une barge de bois peint.Il fait tour à tour tous les personnages et la pièce en a beaucoup.Inmontable la pièce .Trop de monde dans cet univers.L'univers se doit d'être étroit et palpable.Suivre un fil.Avec le bout humide de la langue quand on lèche le dos des enveloppes.Le goût de la colle.Le sens du théâtre.La didascalie enrage et le sous texte aussi.L'espace entre les deux points d'une tirade fait un dos d'âne et tout se casse la gueule soudain.Amortisseurs morts.Hi han.Il faut.Un amas de costumes recouvre la butte créée.Partir déguisés pour où.Où est une bonne destination sans trop d'amalgames.

LUI -Où?
LUI (encore)-Où?
LUI (encore et encore)-Où?

questionne encore les cordes lyriques d'une dramaturgie intense au sein de métaphysiques toujours actives au coeur de l'homo contemporéanus qui ne demande qu'à embarquer.Où marche sur les traces de Stevenson doublé d'un Pascal.Ouais.




Comme on fait son nid 2


                                                                                2

Je le trouve là.Je sais pas. Je sais pas quoi faire.Personne ne dit rien.Les passants clairsemés vont comme si de rien n'est.Je ne sais pas.Je fais comment.Je le regarde.Je le regarde.Intense.Il ne me voit pas.Je vais lui percer le dos.Intense.Avec mes yeux yeux .Qui comprennent pas pas.C'est quoi.Café.Grande lappée de café.Le nez dans le bol au chaud dangereusement.Les yeux aux aguets.Intense.J'ai fait quoi hier.La radio couine à son poste.Les miettes du grille pain sont prètes à prendre feu.La bouilloire bourdonne.Je ne quitte pas des yeux le spectacle.Qu'une cuite ait accouché un tel phénomène .Je n'en reviens pas.Intense.Café.Dose de réalité.Café.Mon estomac gargouille .Borborygmes en série.Alchimie frelatée des substances dilatées dans l'organisme.Le sang se révulse.Légère nausée à l'ouest.Je sais pour quoi je vis soudain.La révélation.La non répétition.L'alcool de la nuit a divulgué son haleine hallucinogène.Ce que je vois ne se voit.Seuls les yeux de mes esprits, égarés du désordre conjoint du chagrin et des spiritueux ,ont pu créer cette chose à ma porte.Mon polaroid est formel ,lui aussi,mais dans le sens contraire, puisqu'il imprime l'image qu'il dégueule peu à peu sous mon regard entre deux chaises.La situation est pour le moins peu confortable,sans compter que je suis bloquée par cette chose, qui bloque elle-même l'entrée de la maison, de par son installation.Un artiste en galère d'espace muséal.Un fou.Un clochard.Un expulsé.Un mal logé .Un ange.Un évadé.Un alien.Un camelot félé.Un homme jeté.Ce qu'il fait là.Il a l'air indifférent à ce qui se passe.Droit dans son trou à mi taille.Droit avec la nuque un peu courbée de ceux qui plient sous le faix des jours.Droit dans son costume du dimanche aux gris élimés.Le tissu de sa veste se soulève aux clavicules ,laissant transparaître le mouvement d'une respiration.Je suis ce mince indice de vie.Inspiration.Expiration.Je souffle.Aussi.Inspiration.Expiration.Rien de de tel qu'un chouille de yoga pour éponger les dérives d'une cuite.Je ferme les yeux.Il disparaît,simple fabrication de mon esprit encore éméché en ses tissus de surface.Abracadabra.J'ouvre les yeux.Il est là.S' y résoudre.Se résoudre à une énigme que l'on sent monter comme impossible à.Les énigmes sont faites pour ètre vécues auraient dit mon père ,s'il avait été capable d'une telle parole.L'invention souveraine sur les pitreries insensées du réel.Suit un adage en latin dont je ne me souviens plus d'un traître mot ,souvenir effiloché de versions de Virgile ,bien trop tôt effleurées pour en épuiser la matière antique.Serait-ce lui qui serait venu creuser sa tombe ici?Comme si de rien n'est .Sorti des pages.Délire.Le rouge et la bulle font mauvais ménage.Boire.Boire du lait.Gueule de bois.Beurk.Gueule de Beurk.Le jour me tire la langue.Me tire la langue dans son dos.Entre ses clavicules.Le trognon d'une aile.Qui a mangé la pomme.Il a faim peut-être.Moi non.Ras bord de café.La nausée au bord du ras du bol.Les yeux qui matent.Tribord.Babord.Matelot au bord de mon eau ,dis-moi ton nom.Matelot à la nuque courbée.Matelot au frèle esquif de terre planté à la porte de mes misères.Quoi c'est ce trou en cette place.Quoi c'est donc que ça veut dire.Tu me barres.Tu me ratures le seuil.Tu me bitures la vue.J'ai mal.Le jour pointe ses obscurs,telle une armée de chevaux mythologiques ,arpenteurs de cieux fous.Une voisine allume sa fenètre.Une autre.Une autre.Tes mains que je devine fébriles dans la chute du soir.Sortir.Scandale.Coups de pieds.Lance à napalm.Hurlements partagés.Connivence du réel à maintenir à son niveau de réalité d'évidence commune.Le point central ,dictatorial de l'opinion comme un gros poing dans ta gueule qui ne me fait pas face.Calme.Inspiration.Expiration.Ta vue se couvre d'ombres.Celles des toits,des arbres de la rue ,des fantômes.Tu bouges.Vous bougez.Oui .Le vous du circonstance de la distance.Je vouvoie l'ombre d'un dos dont j'ignore la bouche.Dont j'invente la langue dans l'obscurité qui achève un jour achevé d'avance.

dimanche

Comme on fait son nid 1




                                                                         1

Je ne sais pas.Je n'ai jamais su.J'ai bu ce soir-là.Un truc qui fait mal à oublier.Un truc à se prendre chaque poil des cheveux de la tête dans les barbelés où l'on vient de buter car le chemin s'est perdu.Trop bu,vraiment.Cette soirée était d'un drôle.Les filles sont déchaînées .A raconter nos histoires d'ex ,on a déchiré de nos rires l'atmosphère de la place.Rien de tel qu'une tablée de gonzesses hurlantes et conniventes pour faire passer les pilules amères.Amère est la pilule de l'amour ,ma fille ,que tu avaleras ,encore et encore.Tu oublieras les champs battus du romantisme pour te gondoler avec tes copines sur les don Juan peu scrupuleux(pléonasme) que tu auras croisés, au lieu de les pleurer comme une Bécasse toute seule dans ton oreiller déserté.Ma tunique s'est déchirée.Quand on ne tient plus vraiment debout.Avec l'envie de se planter la flèche des étoiles jusqu'au fond du bide.Pour le bide.Cela fut.Cela que je bois en fit un.Bide.Vide.Diling diling.On se croit partis pour Tristan et Yseult et on se retrouve dans une histoire à la Bidochon.Gracieux ,le pied de nez.La vie.La vie.La seule.Le maestro en personne.Je bois à ça.Je bois au delà de toutes les soifs qui gisent en moi ,nappes inassouvies,rivières souterraines fertiles ,sources d'eau chaudes,flaques de mare à canard,torrent de larmes.Soif,moi.Tavernier,encore un peu de ce cruchon!Oh ,venez que je tâte ces fesses bien rondes.Allez tavernier ,la nuit sans nous n'est qu'une farce.Allons donc voir si.J'en tiens ,une.J'en tiens ,une .De bonne et de chaude.Une qui vit sous mes doigts.Je me gare devant le bar.Il est tard .Je suis pétée.J'ai mal .J e ris.Je crois que je déconne.J'ai fait une connerie.Avec le mec du bar.Trop bourrée.Trop arrachée.Ma réputation.Ma répute  est foutue.Foutue.Tu.Toi aussi.Tu n'as qu'à.Soif,moi.J'ai la boue.De boue en boue .C'est sale.La merde.Le gras de la terre.Déchiré le genou.Comète bleue cernée de rouge violacé.Ce que boire.Plus chute sera la dure.Dériché de la tète aux pieds.Ma robe.O.Ma petite robe.O.Foutue.Egalement.Connard.Ma robe.Te la faire bouffer.Fil par fil.Chienlit des pensées.J'ai trop bu.Je pense pu.Je pue.La bière le rouge et le champagne.Le mélange balkanique.Sarajevo c'est moi.Toi ,faux serbe.Oh ,le Serbe ,le faux ,le fourbe avec sa serpette.Plus jamais n'irons au bois.Plus jamais.Le gui a ses boules à sec et mon coeur les boules à zéro.Je les ai mises où.Les boules.Non .Les clefs.Je démarre la porte.Canapé.Canopée.Conipan.pan PAN tu TU.dODO.Allez ma grosse.Tu le trouves ce trou.Tu dis.Tu te dis.Taverbier!A boire!Mes clefs!Chloé t'en tiens une bonne.Une bonne murge.Historique.J'arrive pas à.Rappeler .Rappeler quoi.Tavernier!Bertrand!Arrète ton ciné!Ah....sésame ,ouvre -toi.Et le sésame ,il s'ouvre.Il y a un dieu pour la viande saoule.Miracle.Mon canapé .Ma canopée.Mon conipan.Je ne sais plus.C'est pour te dire.Piètre pensée.Piètre soirée.Piètre miracle que de rentrer chez soi défoncée.C'est pour te dire que j'ai pas fait attention.L'attention ,c'est de ça exactement dont je voulais me débarrasser.L'attention à l'attention.Pire qu'un moine zen piqué sur son coussin  de méditation en soie noire, face au mur blanc du Dojo.J'ai pas vu.J'ai pas su.C'est le matin.Par la fenètre.Comme sur la photo ,là ,la photo qui reste.Comme ça.A la porte.Sur le seuil de la maison.Le bol de café à la main.Le deuxième ou le troisième.Difficile de compter avec les yeux rouges.

mercredi






 Qu'enfin le temps va vous délivrer le sens de certaines histoires ou certaines rencontres, alors, on le laisse passer,le temps.Il ne nous laisse pas le choix, le temps.Jamais.Il passe .Par ici.Par là. Il nous passe dessus, avec l'inexorabilité du rouleau compresseur du service de l'équipement, qui vient de refaire le goudron de la route.Noir et fumant.Le temps fume en toute vaillance.Au dessus de nos volcans pourchassés. Et nos poumons brûlent à son passage.Nos routes gondolées.Plus qu'un monceau de débris de loques calcinées, qui bute jusqu'à l'occasion d'une respiration.

Une bonne motivation pour le vivre, le temps, de se dire qu'enfin une signification va s'éveiller :Plip, Plip,fait le doux bruit des significations qui s'éveillent ,comme le bruit d'une perle qui rebondit, par mégarde, de sa nacelle huitrière.Le plongeur a le torse bronzé avec sur les yeux des lunettes de plongée, roses,comme celles qu'on vend, pour dépanner, dans les piscines.Il plonge.Il plonge ,le plongeur.Il plonge le plongeur comme le temps passe.Le monde va ,ainsi.Le temps passe .Le plongeur passe.Mais la perle ,il est rare qu'elle tombe dans l'escarcelle de vos jours.Pour oublier cette quète dans les huîtres de Noêl ,les fins de bouteille de champagne dans le tour des frigos voisins,le goulot fraîchement porté à nos lèvres.

Le temps ne donne rien .Il nous rapproche seulement de notre mort,chaque jour ,à peine né ,et c'est déjà fini.La vie est un grand bal de costumes vides,à peine incarnés,par cette idée d'humanité dont on nous dit être bâtis.Toute construction ne montre que le squelette de sa propre chimère.Le corps mort de la vanité qui l'a engendré. J' arrache au rien des poils de pas grand chose.La philosophie de bazar qui me croise l'esprit ces derniers jours, dans les enceintes de Jérusalem, emprunte au nihilisme ses accents circonflexes.Et tandis qu'un groupe sado -punk déchire les cloisons de l'immeuble où je gis,vautrée sur un matelas à terre,je m'adonne aux tueries de mes rêves,avec une méthode digne d'un serial killer,une froideur de fond de crevasse de L'Everest.Crevasse.Ma crevasse.Même ,il me l'a volée.

Quand je l'ai connu, il était habillé d'une peau de banane ,très classique comme peau, jaune,jaune très banane, rayé de ces zébrures noires propres à ce fruit.C'est là que j'aurais pu me méfier.Pas la peine d'avoir passer des certificats en herméneutique comparée, dans une université anglo saxonne de renom, pour venir se casser le nez ainsi.Sauf que je n'étais absolument pas dans le cadre de la moindre analyse,hélas,hélas,hélas, puisque nous nous croisâmes au primeur du coin de la rue, tenu par Mahmoud ."Au jardin des délices"qu'il a appelé sa boutique Mahmoud.C'est là que je viens pour tenter de manger mes 5 fruits et légumes par jour.Autant dire que je n'y arrive pas.Parce que mes envies ne collent jamais aux saisons,  que le sec n'est pas frais, que le frais se voit mal au sec.Je pique des discussions avec Mahmoud,entre le rayon pommes et poires.La journée est grise ou bleu gitane.On échange des bribes de mots,un sourire dans les coins.La banalité qui fait rage, a une paix en soi.Celle des mots de peu ,des mots du juste pour dire ,des mots qui meublent,des mots tout bètes à des gens dont on ne sait rien ,dont on devine si peu de choses, mais dont on pressent qu'il traverse ,comme nous, des fatigues ,des chagrins,des renaissances.

Rencontrer cet homme costumé d'un élégante peau de banane ne fut pas l'épisode le moins éprouvant de ma vie.Nous devrions toujours faire confiance aux choses dans les clins d'oeil appuyés qu'elles nous envoient ,comme une espèce d'alarme sous-jacente, où l'histoire qui cherche à dérouler ses propres tapis,a dans ses débuts, les signes sanglants de sa fin .Ainsi de cette peau de banane.Jaune et non sanguine.De ce costume ,qu'il faut bien l'avouer ,j'estime aujourd'hui , d'un parfait ridicule, mais qui me semblait, à l'époque, témoigner d'une recherche esthétique sophistiquée.Alors ,bien évidemment,je me lance dans la narration des aventures épiques des amours entre l'homme au costume en peau de banane, et moi .Une longue épopée lyrique où il est question d'amour,  et de feu, et de fantaisie,de parchemins jetés aux ornières et de serments noués, puis tordus, jusqu'à l'hallali.Rien de bien passionnant.Rien de plus à ajouter, dans le sacro-saint chapelet du romanesque qui court les rues, et les vitrines de nos librairies.

J'aurais juste dû m'attacher à son costume.Cette peau de banane, pour savoir combien tout va déraper.Une histoire où le moindre tournant glisse.Une Histoire comme une grande savonnade.Avec les bleus qui vous restent collés aux mains et au cul ,en fin de glissades,comme un tatouage du fond de l'âme.Avec dans les yeux qui piquent un nouveau ciel ,vert comme un savon d'Alep et au milieu ,un soleil ,jaune ,jaune citron,un vrai qui chauffe, sans costume de banane.

samedi

Je suis trop fatiguée pour écrire.On a baisé une partie de la nuit et l'autre ,je l'ai finie en insomnie.S'il faut tremper ses mots dans le café pour avoir l'air réveillé toute la journée, alors que la nuit ne s'est même pas passée,blanche est l'aile de l'esprit qui doit encore veiller .Il y a des mots comme degré zéro, ou narrativité à poil, qui flottent encore sur les couches hémisphériques de ma conscience, qui baille aux mille vents.Je suis trop claquée pour éprouver la moindre émotion et je n'ai même plus l'humeur d'en avoir une seule, d 'humeur.Quand on est bien baisée ,c'est comme ça.On devient cette sorte de tranche de larve, qui s'étale au lit avec une complaisance jamais en panne,cet air béat en permanence affichée sur la figure, comme les prix au supermarché.Sans compter cette valse des phéromones autour de soi, comme un essaim d'abeilles qui fait que tous les mecs, soudain, ô miracle de la Nature, vous trouvent attirante, sans trop savoir le fin fond de l'affaire, car vous n'avez pas l'habitude d'étaler les confiotes de votre vie intime, sur la tranche de votre pain quotidien.

Je crois que je vais le larguer.Plouf!(et... aller me pieuter)

Là ,j'entends le peloton des copines s'indigner.(cris ,bras au ciel ,
coups de fils intempestifs,textos à plus d'heure)

Qu'elles s'indignent.
Je le largue.Je dois dormir.Je dois écrire.Et pas passer ma vie ,mes nuits à foutre mes doigts sur,en ,dans, sous, Lui.Si encore j'écrivais de l'érotisme ,c'est sûr qu'il pourrait incarner une sorte de muse en chair et en os,mais en tant qu'analyste économique spécialiste des pays  émergents,les troupeaux de bite rose qui surnagent entre les ordonnées et les abscisses de mes graphiques, perturbent légèrement le déroulement de mes raisonnements scientifiques.J'ai retrouvé du foutre, l'autre jour, sur le cartonnage bleu d'un dossier que je devais rendre au boss.Oui, on a baisé sur le bureau ,ça le fait bander les chiffres,rien de très loufoque.De là,à peindre à nouveau La nuit étoilée de Van Gogh sur les systèmes bancaires de l'Asie du sud-est,il y a un pas que mon job ne franchira jamais.Un trou de 5 milliards d'euros dans les caisses par un branleur de trader ,oui,ça passe encore..Mais quelques grammes de foutre sur une chemise en carton:non.

Nous vivons dans des sociétés puritanistes .Les taches ,non.Les trous oui.

Peut ètre que si l'on imaginait la création comme une vaste tache ,plutôt qu'une perpétuelle auto-genèse entre trous,la face de ma vie s'en trouverait changée.Je crains ,hélas de ne plus avoir le temps nécessaire pour entreprendre les perspectives ontologiques qui en découlent.

jeudi

Il y a des nuits qui sont comme des soleils en plein jour.Je me souviens de cette nuit -là, comme d'une nuit comme ça.Une nuit qui allume, par sa petite musique secrète, les étoiles directement dans les yeux .A trois heures du mat,je suis encore dans la ruelle.Sortie de concert.Les zicos s'attardent  un peu ,quelques canettes à la main.Ils jouent avec les bouteilles ,les lèvres sur le goulot ,de la flûte de Pan.Les Andes se retournent et un condor déchire le noir.Les condés aussi ,ne sont pas loin.Il faut penser à se volatiliser, avant de prendre une prune à lacrymogène.On s'envoie des mots et des rires.Les corps se bousculent.Je veille à ce que tout le monde sorte du bar.C'est moi qui dois fermer.Il y a encore une lumière dans la pièce du fond ,un interrupteur oublié.La ruelle est déserte.Quelques bruits de moteur sur la place ,plus loin.Je rentre à pied.C'est à côté.Une ombre brusque me bouche la sortie de l'impasse.Une masse sombre,indistincte, qui s'avance à pas lents vers moi ,comme chargé du poids du jour et de la nuit, additionnés ensemble.La note est salée.Son pas martèle le sol,un peu lourd.Ma main se glisse dans mon sac.La petite bombe ,au cas où.Son pas hésite ,claudique ,une fois sur deux.La peur, étrangement, ne me gagne pas.La fascination plutôt qui m'envahit, m'enveloppe dans la vision de ce que je devine pouvoir être, un vieil homme.La ruelle semble interminable.Je me suis arrêtée depuis longtemps ,comme paralysée par l'idée de la dépasser.Cette vision, avance ,avance, sur moi ,sans progresser dans le prolongement de la rue.Un souffle tiède se propage sur ma peau ,comme un bien-être insensé,après une rude journée de boulot.Mes résistances cèdent.J'ai chaud.J'enlève mon bonnet de laine,ébroue doucement mes cheveux, comme pour ramasser quelques graines d'idées anesthésiées par le vécu du moment.C'est alors qu'une voix ébréchée me souffle à l'oreille-Je suis ton rève ,ton rêve boîteux!Crois-le si tu veux!Le vieillard est sous mon nez et fouille dans mon sac.Il prend la bombe sans rien me demander, et avant que je n'ai  le temps d'émettre le moindre son,nous en asperge jusqu'à la vider.


Il pleut.J 'ai les cheveux mouillés et une bouteille de champagne à la main.Vide.Un fleuve roule dans le caniveau avec des pelures de clémentine et des plumes de crevettes.Le jour se lève.Et moi aussi.Je boîte d'une jambe.Je rentre comme ça.C'est à côté.
B me laisse.B me délaisse.Mon collier de toutou.Les trous dans le cuir.Les trous de cuir dans  mon collier .Dans mon collier de toutou.Les trous sont déchirés.Le collier lâche.Usure.Longe exacerbée.Le collier a lâché.La douleur aboie au fond des sacs.Des sacs bien ficelés jetés sur le pavé.Je m'assoie sur les sacs.Les pieds à plat sur le pavé.Les pieds collés ,serrés l'un contre l'autre ,avec le bout des chaussures qui luit ,comme à l'autre bout d'un monde.Mon pied gauche s'adresse à mon pied droit.Ils entament des mots.Des mots comme masturbation ,ballotage,ontologie,brosse à chaussures (ils se sentent concernés).Des mots comme  conjoinctions de subordination.Des mots qui font phrases.Des mots qui se serrent les uns comme les autres ,comme autant de foules de pieds droits et de pieds gauches, qu'on marierait à deux et tous ensemble entre eux ,en robes de tulle blanche,vive les mariés,vive les mariés ,vives les mariés,grains de riz,pluie,clameurs,sur une grande place commémorative, où un académicien en costume historique officie dans la forêt sémantique, où les des boussoles pendues oscillent aux branches,où ,où, où.Mes pieds savent.Mes pieds anticipent.Parler.Donner de la voix de par la puissance des ongles de ses orteils.Griffer le tronc des arbres dans la forêt jusqu'à ce que la sève s'en écoule ,rouge ,rouge feu,rouge d'un feu qui ne s'éteint jamais ,comme feu le frère jumeau du soleil qui s'attarde dans les brumes qui arpentent le pavé.

Je relis les discours de mes pieds qui croient encore à ce qu'ils disent.Mes pieds m'égarent.Ils oublient sous les tomes de leurs discours.Ils oublient de me dire.Ils cachent.Ils me cachent.Ils m'emmènent plus loin que le mot.Que le mot que je veux.Que le mot que je  creux.Que le mot que je creux.Pas creux ,non. Non. Le mot. Pas le mot. Ce que le mot couvre. M'enfouir sous les couvertures.Au chaud. Je creuse dans les mots. Je mets des doigts dans ma douleur. Les mots piquent. Les mots sont les épines de mon collier. Qui tombe de mon cou à bout de trous. Je crue dans les mots. Avec les doigts de la douleur. Les mots grattent. La douleur. Mes doigts frottent dans le trou des mots. La douleur enfouie. Le trou me gratte. Le trou est une pine dans la douleur des mots ,ouverte .Le trou est une pine de mots :le trou est creux, le trou creuse la pine, le trou pine le creux des trous des mots: je m'y rerouve bien !Mes pieds babillent sur le pavé, et l'on entendrait presque la sirène lancinante des bateaux qui rentrent au port, avec la promesse d'une bardée de marins à pompons sur les quais, prêts à se payer toutes les putes du port .

J'ai mal au cou. La trace du collier, la trace du collier qui fait tache sur la peau, la tache lourde qui étrangle mes veines, qui m'empèche de respirer, le sang qui culbute en boules, le sang qui fait siège dans la tache lourde, l'oxygène qui puise aux brumes du port les trous dans les poumons, alvéoles sous les bras, miel des mouches qui hibernent sous les rambardes des quais .Mes pieds se touchent.L'un contre l'autre.  Mon cou se libère du mal ,avec le cuir de ce collier qui tombe à la renverse, et qu'un marin va ramasser tout à l 'heure ,à l'aube de retour des boites, s'il n'est pas trop cuit, et il s'en fera une couronne de Jésus Christ, et les premiers travailleurs du jour qui le croisent, le regardent avec cet air que Judas eut sans doute (et qui fit tant de méprises),parce que le temps fait des dégâts avec son trou aussi, son trou qui le double.

Qui double l'autre?
Mon pied droit.
Mon pied gauche.

mercredi

  comme ce qui est clos sous ses paupières



Parce qu'à un moment, il faut s'arrêter,  il faut bien s'arrêter,  s'arrêter de croire qu'il y aura la fin, parce qu'il faut bien s'arrêter,s'arrêter de faire tenir le monde dans le croire,le croire ou ne pas,  y aura pas la fin,la fin le croire ou pas, il faut bien arrêter ,le début ,la fin , le croire comme il y aura pas le début, je me tiens au milieu ,juste au milieu ,pas le début ,pas la fin ,pas le croire,et les papillons crevés des mythes me servent de mouchoirs où torcher sa morve :ça fait des heures que je l'attends au bar du ciel (tu parles d'un nom ), B. ne se pointe toujours pas .Une mère digne d'espérance traverse la vitrine dans les passages cloutés de la rue, pars de là,par delà  la devanture où son reflet suit les déshérances de mes pensées :possible de boire un autre kawa ou de se tirer? Je le vois plus tard ou je le vois pas, la vie me tire de tous côtés ,et c'est à peine si j'y retrouve mon propre corps dans la fouille au corps que mes pensées entreprennent. Heureusement ce bout de miroir de la salle de bains, pour me rappeller que mon image semble collée à ce qui reste de l'idée que j'ai pu me faire de moi ,au cours des années de cohabitation forcée que je viens d'endurer avec cette entité nommée et reconnue comme moi-même, par autrui ,et cette chose que: moi ,donc.C'est pas ça qui va faire arriver B ,ce genre d'amphigouri putatif le fait sourire.








Le miroir au dessus du bar est brisé et vieux. Autour des vis qui le tiennent au mur, la rouille gagne.Je m'inquiète de savoir s'il peut tomber et se briser là ,au milieu des autres verres ,qu'il briserait à sa suite.Symphonie du verre cassé.Comme ce verre en pleine cantine qui explose au vu et su de tout le réfectoire et la punition qui s'ensuit.Des lignes en verre brisées.Encore des lignes à réparer. On voit la rue qui ne se soupçonne même pas dans cette oblique. Qu'est-ce qu'on ferait donc, si l'on saisissait le moindre tracé des reflets qui nous renvoient au monde sans que nous lne le sachions jamais. Tous ces fragments  de soi qui traînent, et ne se rassemblent pas ,jamais ;ça ne tient pas ensemble,ça ne fait pas un ensemble,peut-être de l'être avec des trous des éclairs et des nappes d'images un peu floues,les fils des nerfs branchés ou brûlés,le jeu des dominos. 

Une vie entière ne tient dans rien, et surtout pas dans l'assemblage de ses ramassis qui viennent se rappeler à nos mémoires, alors qu'on ne leur a rien demandé: B tu fais chier avec tes retards à l'allumage. Obligée de peindre le dessus de table avec les miettes métaphysiques qu'un Kierkegaard a du laisser tomber sur ma tête en mon inadvertance Si je me laissais aller, je n'écrirais que des questions, avec sa volute noire qui se rabat, comme la crosse des fougères dans les sous-bois d'automne. C'est que ça galope une tête, de jour comme de nuit ,et je me demande qui peut bien la rattraper, alors que personne n'est dans cette possibilité d'en tracer les parcours géo-mentaux, et l'action que ces parcours heurtés provoquent dans cette soupe épaisse du réel.Ah ,la bonne soupe ,servie bien chaude pour grandir,à la grande cuillère.Tu seras un homme,ma fille.La fille qu'est devenue je(qui n'est pas A), s'intéresse par exemple,dans sa vie devenue par la force des choses une vie adulte, au patron du bar avec ses moustaches incluses, et son air bonhomme généralisé au grade supérieur de la normalité, qui passe une partie de son temps à ouvrir et fermer son tiroir caisse.Une journée entière, ouvrir, fermer ,ouvrir, fermer,  les boutons d'alarme le doigt sur la gachette les bruits des pressions des machines en sourdine Il ne pense pas, lui ,à ces conneries de faire tenir son monde ensemble, ça tient lui à ça son bar ses verres ses bouteilles ses torchons sa caisse ses clients. Il doit bien y avoir des moments pourtant où il pince les fesses des étoiles .
B!Putain t'es trop con là tu m'as fait peur?
tétais dans quoi encore
j'tais dans la colle du puzzle et ça colle pas
sniffe là alors
bah les odeurs c'est encore autre chose Tu sens là cette odeur de chairs, de tissus, qui s'échinent à vivre avec la maladie et tous les trucs qu'un corps bouffe pour tenir debout.
c'est l'instinct l'animal en nous qui veut alors que tout le reste vaut mieux pas y penser
qui peut penser ça
ça à penser
non
alors le milieu à tenir entre les doubles le vrai faux la vie la mort le jour la nuit
des fils à ne pas couper
en plus les fils s'embrouillent parfois
se tricotent jersey jacquard ou point mousse
tiens, à propos de mousse je m'en jetterai bien une
ah oui avec mes divagations on souffre carrément de déshydratation là
t'as vu le patron
tiens! il se ramène
Il se ramène le patron comme s'ils les avait entendus ,à moins que cela ne soit son expérience ,ou bien son instinct à faire tenir les quatre murs qui le contiennent, lui ses clients les bouteilles les murs le miroir le tiroir caisse. Le patron se ramène il les a entendus ,et il les regarde le patron tous les deux, celui qui divague devant sa tasse de café depuis plus de temps qu'il n'en faudrait pour rembourser le prix de la consommation où les frais du jour de la boutique ne tiendront jamais avec l'électricité le chauffage les fournisseurs à payer mais il s'en fout celui qui divague, il suit ses divagations autour de la tète du patron du café qui lui demande ce qu'il veut consommer lui et B.B veut une mousse et lui un autre café Un café allongé cette fois-ci ,comme pour allonger le temps de prendre le café, comme pour donner à l'eau allongée  les chances de ses divagations à surnager dans le temps qu'il reste de pouvoir divaguer.Le temps de boire un café avec B qui va boire une mousse.La mousse qui lui colle aux lèvres et qu'elle aura envie de lècher .Elle ne le fait pas.Elle le laissera avec ses empreintes de mousses sur le bord de la bouche, et regarde les croquis esquissés par le mouvement des lèvres qui signent le son des mots,des mots  dont la matière sonore est agrémentée de mousse et qu'elle voit flotter  le long du fleuve où elle est assise avec B,sur une rive ,de l'autre côté.


B.posait ses clefs.Il n'a ni vélo ni voitures ni maisons.Des clefs ,oui.Un assortiment des plus variés, dont on se demandait bien ce qu'il pouvait ouvrir à la fin.Il pose toujours son trousseau à sa droite où qu'il soit,quand il se décidait à se poser quelque part.Le trousseau à portée de la prise de la main ,prêt à partir.
Elle garde l'image de cette main sur l'éventail des clefs.C'est les clefs qu'elle décline ,bien plus que son visage à lui ,alors que le soir tombe sur les rues, le bar, les tiroirs-caisse.Les ombres porteront son visage dans  les terres  de souvenirs où elle perd pied.Les clefs se dresseraient comme des points d'interrogation.Des portes à ouvrir  ou pas.Des possibilités de portes à franchir ou à laisser.Les mots de mousse sur ses lèvres écrivent des airs oubliés   dans le clair obscur du soir qui tombe sur la table, où la soucoupe vide cherche après sa tasse abandonnée un peu plus loin ,avec le papier du sucre trituré ,puis bouchonné ,prèt à jeter.Les quelques grains de sucre qui crissent sous le derme de la paume  luiront dans la lumière de l'applique que le patron vient d'allumer.

mardi

il pleut des oiseaux corps sur nos morts
les foules s'applatissent sous le sort
Socrate boit un dernier verre et les rondes des pas
des soldats s'enregistrent dans les veines de nos bras

                                                                  


il pleut des oiseaux qui dévorent nos morts
les poudres volent dans les rues et les marchands
boient les cendres de ce qui n'est plus sur les marches
des temples où brûlent les cadavres laissés à eux-mêmes




il pleut des oiseaux très forts qui rongent d'acide les yeux
les yeux de nos questions étendues jusqu'aux cieux
en attente des mieux les cieux en latence des yeux vides
aux portes des livres en sang



la peste traverse sur les clous
et sur la place je fais le lit où je te baise
il pleut des oiseaux morts sur nos corps
et sur la place j'érige ta verge en vestale brandie





PRENDRE LE POULS DE SON PIED

dimanche

Franchement, je ne sais pas pourquoi ils m'ont privé de chocolat.



Oh,le bon chocolat ,le chocolat tout noir avec ses fèves de cacao
dont l'épiphanie quotidienne comble  mes parois stomacales.Mon petit carré de bonheur qui se fond sous la langue.Mon petit carré truffé à la praline des noisettes sauvées de l'épargne hivernale des écureuils.Mon petit carré truffé à l'amande amère, qu'elle ne me dérobera plus, dès que j'ai le dos tourné, pour le dévorer avec un autre.Mon petit carré, et puis, un autre.Non.Et puis si.La tablette que je déshabille ,peu à peu, de sa gangue argentée de strass et, de gourmandise retardée.Les froissements de sa robe qui s'ouvrent, peu à peu ,sous mes doigts savants.La bosse d'un fruit sec défendu .Le jus d'une cerise ,inattendu.On ne sait jamais avec le chocolat des cartons."Menthe !Framboise!Noix de coco!"crie l'ouvreuse, dans le cinéma perdu où je  repasse mes rêves.Y a pas foule au balcon.La pellicule grésille et le ronron du projo rassure comme la présence de votre vieux chat au fond du panier.



"Menthe !Framboise !Noix de coco!"me frôle l'ouvreuse.J'en ai déjà plein les poches de ta marchandise, ma belle,les fonds de tiroirs thésaurisés par inadvertance.Je peux tenir l'embargo en suçant doucement.Un carré par jour,tiens.Un gros carré du chocolat Menier patisserie,enfin un bout de sa barre qui casse à la dure.Je vais prendre mon temps.C'est ça qu'ils veulent, que je prenne mon temps.Le temps de le dire ,de me le dire à moi-même ,en long et en large, sans que personne ne m'écoute.J'arpente mon désir dans la bouche.Mes dents poussent comme des montagnes ,où je m'offre des vacances aux sports d'hiver.Luge et raclette au programme.Flambée dans l'âtre.Peaux de chamois sur les lits et moufles trempées sur les radiateurs.La vie est belle quand on est privé de chocolat.Pourquoi ils font ça.Je ne leur ai rien fait, moi.Je roule.Je roulais.Avec les roues adéquates en service aux normes de sécurité en vigueur dans la savane autorisée.

Je veux mon carré.

Je veux.Je veux.Je veux.

Je ne reste pas là à rien faire malgré les apparences.Je me donne une situation ,un alibi ,une raison d'être et ça ne court pas les rues ,une raison d'être telle que la mienne.Ils veulent me faire cracher autre chose.Je ne sais pas ,moi, des bandes de  rôtis de veau,des armées de quiches lorraines surgelées,une bouteille de porto qui hurle son couvre-feu,des yaourts à l'eucalyptus,un sachet de levure assermenté,les inventaires du magasin du mois dernier à faire rimer ,la fiche de paie du gérant vert,la quotation en bourse de la chaîne de franchise affranchie mais pas franchement de la France où son siège social bourre le cul à la maison mère,le curriculum vitae du gorille de l'entrée,houba houba,le chiffre du coffre fort des actionnaires qu'ils veulent jouer au loto d'un vendredi 13,le nombre de caddies achetés cette année pour remplacer les défaillants ,le caddie que j'ai volé avec Armelle pour nous faire une virée au bord de la mer,mouettes,mouettes,les algues en sachets péchées en mer de Chine.Stop.Armelle aimait bien le chocolat.Elle disait que c'est ce qui donnait le petit plus du charme de la couleur à ses taches de rousseur.Ils s'en foutent,eux.Une larme ne leur signifie rien.Nous accumulons nos morts et pas même le droit de sucer son carré en paix.Une larme n'appelle pas leurs yeux où ils entassent les tombes ,comme si de rien n'était.La vie d'un homme est aussi friable que la  queue d'un croissant.Moi ,je déjeûne le matin avec des petits bouts de lune trempés dans mon café.

                                                          "Gardien!"

vendredi

Les rebelles ont bougé dans l'après -midi, sans que l'on s'y attende.J'avoue que je ne comprends plus rien à la moindre de leurs stratégies ,tant leur logique me semble sortir de tout raisonnement inventorié.Je ne sais pas ce que je vais pouvoir raconter au patron.Il attend des renseignements que je n'ai pas .J'ai une centaine de kilomètres devant moi en pleine montagne pour les lui inventer:des solides qui tiennent la route quelques semaines ,le temps que la situation s'éclaircisse déjà à mes propres yeux.B s'est retiré de la partie semble -t-il ,me laissant seul face à cet imbroglio.Il est possible aussi qu'il ait voulu prendre du recul , pour ne pas envenimer les propos qu'il aurait dû tenir pour se justifier de l'échec de sa dernière mission ,avant de s'en voir proposer une autre .Un peu de répit ,donc ,mais cela ne va pas durer.




Merde,le con .Et puis cette radio qui crachote ses ondes courtes comme si elle était atteinte d'une pneumonie.J'en ai plein le cul de cette route: et tous ces snipers planqués qui ne sont occupés qu'à se demander s'ils vont me tirer comme un lapin ou pas, dans la Taîga.Allez -y ,vous gênez pas !Vous attendez quoi, là?Des remords pour la veuve et l'orphelin?J'en ai pas.La dernière donzelle s'est tirée pour cause de je ne sais plus quel motif bidon, qu'elle avait du lire dans  les magazines à la mode à la con ,du genre avec des tests qu'elle avait du faire en mettant un paquet de croix dans le QCM, et où notre couple plafonnait dans les bas du score.Ben ,la honte devant les copines!Ben oui!ça rentrait pas dans les cases et c'est elle qui s'est sentie à l'étroit.On rêve...Elle fait dans le banquier maintenant,genre qui connait tout sur tout  sur les atouts du  moindre produit financier qui va enculer sec ,sans vaseline ou crème au beuure , des pyramides de pauvres types,et moi ?J'pluche des revues porno sévères pour me palucher,au moins, celles-là ,les gonzes,elles font pas chier avec leurs airs de tout, sauf romantiques.Purée de misère.J' ai horreur de ça,en plus.Me voilà réduit.Salope.

J'ai l'air fier avec ma land rover zébrée savane des safaris,riche idée encore que ce camouflage du carrossier de la section où j'ai emprunté le véhicule.Ils se font tellement chier qu'ils ne savent plus quoi inventer,alors au bout du compresseur parfois ,le pistolet se met à délirer.Qui viendra leur dire quelque chose là où ils sont stationnés.La paix royale assortie de la mort ,au quotidien ,tous les jours:ça passe ou ça casse.En métropole,ils s'en tapent.Ce qu'ils veulent ,c'est du résultat.Du résultat,du résultat et du résultat.Des chiffres .Des grilles à balancer sur les vidéo projecteurs.Des statistiques à faire flamber les médias.Ah ,ah,ah.S'ils savaient.Marre.Je vais tout faire sauter.Sans armes.Juste la science du bordel.

Je dois appuyer comme un dingue sur la pédale pour accélérer.Il doit y avoir un problème avec le câble ,pour faire 30 kms à l'heure sur ces routes défoncées, je me demande combien de câble est nécessaire.J'en ai des réflexions avec moi tout seul ,à force.Je leur avais dit de le changer.Plus personne n'écoute personne.Le bruit des détonations :imprévisible.Les tympans souffrent sans qu'aucun bouchon de cire ne puisse les réconforter. N'importe quelle heure, du jour ,de la nuit.Aucune rémission.Vous croyez avoir un moment pour et hop: ça explose!Bombes, tirs de barrage, ambulances, hélicos, radios, tout le bataclan se met en marche ,vroum  groum pan pan groum groum encore zzzzzzzz vroum vroum ratatatat ratatattatatatatatata.... les fureurs du cauchemar vous emportent jusqu'à la prochaine plage de silence feint,lessivé jusqu'au dernier centimètre de boyau du colon, déjà bien éprouvé par les rigueurs culinaires du troupion de base  .Ruses.Espions.Suspicions.Suspension.Balance.Intrigues.Intoxications.Ficelles.Fumées.Je sais que B n'en pouvait plus  de tout ça.C 'est peut-ètre pour ça qu'il a foiré ainsi.Pour tout foutre en l'air ,lui , nous avec, et le cours des choses, aussi.Pour secouer la pourriture entre deux nuages lourds de poudre échangés.Briser cette mécanaique de guerre.Ta ta ta ta ta ta.Putain ,Bardamu ,t'as rien vu.