samedi

Je suis trop fatiguée pour écrire.On a baisé une partie de la nuit et l'autre ,je l'ai finie en insomnie.S'il faut tremper ses mots dans le café pour avoir l'air réveillé toute la journée, alors que la nuit ne s'est même pas passée,blanche est l'aile de l'esprit qui doit encore veiller .Il y a des mots comme degré zéro, ou narrativité à poil, qui flottent encore sur les couches hémisphériques de ma conscience, qui baille aux mille vents.Je suis trop claquée pour éprouver la moindre émotion et je n'ai même plus l'humeur d'en avoir une seule, d 'humeur.Quand on est bien baisée ,c'est comme ça.On devient cette sorte de tranche de larve, qui s'étale au lit avec une complaisance jamais en panne,cet air béat en permanence affichée sur la figure, comme les prix au supermarché.Sans compter cette valse des phéromones autour de soi, comme un essaim d'abeilles qui fait que tous les mecs, soudain, ô miracle de la Nature, vous trouvent attirante, sans trop savoir le fin fond de l'affaire, car vous n'avez pas l'habitude d'étaler les confiotes de votre vie intime, sur la tranche de votre pain quotidien.

Je crois que je vais le larguer.Plouf!(et... aller me pieuter)

Là ,j'entends le peloton des copines s'indigner.(cris ,bras au ciel ,
coups de fils intempestifs,textos à plus d'heure)

Qu'elles s'indignent.
Je le largue.Je dois dormir.Je dois écrire.Et pas passer ma vie ,mes nuits à foutre mes doigts sur,en ,dans, sous, Lui.Si encore j'écrivais de l'érotisme ,c'est sûr qu'il pourrait incarner une sorte de muse en chair et en os,mais en tant qu'analyste économique spécialiste des pays  émergents,les troupeaux de bite rose qui surnagent entre les ordonnées et les abscisses de mes graphiques, perturbent légèrement le déroulement de mes raisonnements scientifiques.J'ai retrouvé du foutre, l'autre jour, sur le cartonnage bleu d'un dossier que je devais rendre au boss.Oui, on a baisé sur le bureau ,ça le fait bander les chiffres,rien de très loufoque.De là,à peindre à nouveau La nuit étoilée de Van Gogh sur les systèmes bancaires de l'Asie du sud-est,il y a un pas que mon job ne franchira jamais.Un trou de 5 milliards d'euros dans les caisses par un branleur de trader ,oui,ça passe encore..Mais quelques grammes de foutre sur une chemise en carton:non.

Nous vivons dans des sociétés puritanistes .Les taches ,non.Les trous oui.

Peut ètre que si l'on imaginait la création comme une vaste tache ,plutôt qu'une perpétuelle auto-genèse entre trous,la face de ma vie s'en trouverait changée.Je crains ,hélas de ne plus avoir le temps nécessaire pour entreprendre les perspectives ontologiques qui en découlent.