dimanche

Comme on fait son nid 1




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Je ne sais pas.Je n'ai jamais su.J'ai bu ce soir-là.Un truc qui fait mal à oublier.Un truc à se prendre chaque poil des cheveux de la tête dans les barbelés où l'on vient de buter car le chemin s'est perdu.Trop bu,vraiment.Cette soirée était d'un drôle.Les filles sont déchaînées .A raconter nos histoires d'ex ,on a déchiré de nos rires l'atmosphère de la place.Rien de tel qu'une tablée de gonzesses hurlantes et conniventes pour faire passer les pilules amères.Amère est la pilule de l'amour ,ma fille ,que tu avaleras ,encore et encore.Tu oublieras les champs battus du romantisme pour te gondoler avec tes copines sur les don Juan peu scrupuleux(pléonasme) que tu auras croisés, au lieu de les pleurer comme une Bécasse toute seule dans ton oreiller déserté.Ma tunique s'est déchirée.Quand on ne tient plus vraiment debout.Avec l'envie de se planter la flèche des étoiles jusqu'au fond du bide.Pour le bide.Cela fut.Cela que je bois en fit un.Bide.Vide.Diling diling.On se croit partis pour Tristan et Yseult et on se retrouve dans une histoire à la Bidochon.Gracieux ,le pied de nez.La vie.La vie.La seule.Le maestro en personne.Je bois à ça.Je bois au delà de toutes les soifs qui gisent en moi ,nappes inassouvies,rivières souterraines fertiles ,sources d'eau chaudes,flaques de mare à canard,torrent de larmes.Soif,moi.Tavernier,encore un peu de ce cruchon!Oh ,venez que je tâte ces fesses bien rondes.Allez tavernier ,la nuit sans nous n'est qu'une farce.Allons donc voir si.J'en tiens ,une.J'en tiens ,une .De bonne et de chaude.Une qui vit sous mes doigts.Je me gare devant le bar.Il est tard .Je suis pétée.J'ai mal .J e ris.Je crois que je déconne.J'ai fait une connerie.Avec le mec du bar.Trop bourrée.Trop arrachée.Ma réputation.Ma répute  est foutue.Foutue.Tu.Toi aussi.Tu n'as qu'à.Soif,moi.J'ai la boue.De boue en boue .C'est sale.La merde.Le gras de la terre.Déchiré le genou.Comète bleue cernée de rouge violacé.Ce que boire.Plus chute sera la dure.Dériché de la tète aux pieds.Ma robe.O.Ma petite robe.O.Foutue.Egalement.Connard.Ma robe.Te la faire bouffer.Fil par fil.Chienlit des pensées.J'ai trop bu.Je pense pu.Je pue.La bière le rouge et le champagne.Le mélange balkanique.Sarajevo c'est moi.Toi ,faux serbe.Oh ,le Serbe ,le faux ,le fourbe avec sa serpette.Plus jamais n'irons au bois.Plus jamais.Le gui a ses boules à sec et mon coeur les boules à zéro.Je les ai mises où.Les boules.Non .Les clefs.Je démarre la porte.Canapé.Canopée.Conipan.pan PAN tu TU.dODO.Allez ma grosse.Tu le trouves ce trou.Tu dis.Tu te dis.Taverbier!A boire!Mes clefs!Chloé t'en tiens une bonne.Une bonne murge.Historique.J'arrive pas à.Rappeler .Rappeler quoi.Tavernier!Bertrand!Arrète ton ciné!Ah....sésame ,ouvre -toi.Et le sésame ,il s'ouvre.Il y a un dieu pour la viande saoule.Miracle.Mon canapé .Ma canopée.Mon conipan.Je ne sais plus.C'est pour te dire.Piètre pensée.Piètre soirée.Piètre miracle que de rentrer chez soi défoncée.C'est pour te dire que j'ai pas fait attention.L'attention ,c'est de ça exactement dont je voulais me débarrasser.L'attention à l'attention.Pire qu'un moine zen piqué sur son coussin  de méditation en soie noire, face au mur blanc du Dojo.J'ai pas vu.J'ai pas su.C'est le matin.Par la fenètre.Comme sur la photo ,là ,la photo qui reste.Comme ça.A la porte.Sur le seuil de la maison.Le bol de café à la main.Le deuxième ou le troisième.Difficile de compter avec les yeux rouges.