lundi

Comme on fait son nid 2


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Je le trouve là.Je sais pas. Je sais pas quoi faire.Personne ne dit rien.Les passants clairsemés vont comme si de rien n'est.Je ne sais pas.Je fais comment.Je le regarde.Je le regarde.Intense.Il ne me voit pas.Je vais lui percer le dos.Intense.Avec mes yeux yeux .Qui comprennent pas pas.C'est quoi.Café.Grande lappée de café.Le nez dans le bol au chaud dangereusement.Les yeux aux aguets.Intense.J'ai fait quoi hier.La radio couine à son poste.Les miettes du grille pain sont prètes à prendre feu.La bouilloire bourdonne.Je ne quitte pas des yeux le spectacle.Qu'une cuite ait accouché un tel phénomène .Je n'en reviens pas.Intense.Café.Dose de réalité.Café.Mon estomac gargouille .Borborygmes en série.Alchimie frelatée des substances dilatées dans l'organisme.Le sang se révulse.Légère nausée à l'ouest.Je sais pour quoi je vis soudain.La révélation.La non répétition.L'alcool de la nuit a divulgué son haleine hallucinogène.Ce que je vois ne se voit.Seuls les yeux de mes esprits, égarés du désordre conjoint du chagrin et des spiritueux ,ont pu créer cette chose à ma porte.Mon polaroid est formel ,lui aussi,mais dans le sens contraire, puisqu'il imprime l'image qu'il dégueule peu à peu sous mon regard entre deux chaises.La situation est pour le moins peu confortable,sans compter que je suis bloquée par cette chose, qui bloque elle-même l'entrée de la maison, de par son installation.Un artiste en galère d'espace muséal.Un fou.Un clochard.Un expulsé.Un mal logé .Un ange.Un évadé.Un alien.Un camelot félé.Un homme jeté.Ce qu'il fait là.Il a l'air indifférent à ce qui se passe.Droit dans son trou à mi taille.Droit avec la nuque un peu courbée de ceux qui plient sous le faix des jours.Droit dans son costume du dimanche aux gris élimés.Le tissu de sa veste se soulève aux clavicules ,laissant transparaître le mouvement d'une respiration.Je suis ce mince indice de vie.Inspiration.Expiration.Je souffle.Aussi.Inspiration.Expiration.Rien de de tel qu'un chouille de yoga pour éponger les dérives d'une cuite.Je ferme les yeux.Il disparaît,simple fabrication de mon esprit encore éméché en ses tissus de surface.Abracadabra.J'ouvre les yeux.Il est là.S' y résoudre.Se résoudre à une énigme que l'on sent monter comme impossible à.Les énigmes sont faites pour ètre vécues auraient dit mon père ,s'il avait été capable d'une telle parole.L'invention souveraine sur les pitreries insensées du réel.Suit un adage en latin dont je ne me souviens plus d'un traître mot ,souvenir effiloché de versions de Virgile ,bien trop tôt effleurées pour en épuiser la matière antique.Serait-ce lui qui serait venu creuser sa tombe ici?Comme si de rien n'est .Sorti des pages.Délire.Le rouge et la bulle font mauvais ménage.Boire.Boire du lait.Gueule de bois.Beurk.Gueule de Beurk.Le jour me tire la langue.Me tire la langue dans son dos.Entre ses clavicules.Le trognon d'une aile.Qui a mangé la pomme.Il a faim peut-être.Moi non.Ras bord de café.La nausée au bord du ras du bol.Les yeux qui matent.Tribord.Babord.Matelot au bord de mon eau ,dis-moi ton nom.Matelot à la nuque courbée.Matelot au frèle esquif de terre planté à la porte de mes misères.Quoi c'est ce trou en cette place.Quoi c'est donc que ça veut dire.Tu me barres.Tu me ratures le seuil.Tu me bitures la vue.J'ai mal.Le jour pointe ses obscurs,telle une armée de chevaux mythologiques ,arpenteurs de cieux fous.Une voisine allume sa fenètre.Une autre.Une autre.Tes mains que je devine fébriles dans la chute du soir.Sortir.Scandale.Coups de pieds.Lance à napalm.Hurlements partagés.Connivence du réel à maintenir à son niveau de réalité d'évidence commune.Le point central ,dictatorial de l'opinion comme un gros poing dans ta gueule qui ne me fait pas face.Calme.Inspiration.Expiration.Ta vue se couvre d'ombres.Celles des toits,des arbres de la rue ,des fantômes.Tu bouges.Vous bougez.Oui .Le vous du circonstance de la distance.Je vouvoie l'ombre d'un dos dont j'ignore la bouche.Dont j'invente la langue dans l'obscurité qui achève un jour achevé d'avance.